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Excel Place

Frédéric Pichon : Directeur de la Sécurité au George V

Dernière mise à jour : 3 sept. 2019

– Au cœur de la sécurité hôtelière –




Excel Place : Pouvez-vous vous présenter et nous décrire vos fonctions ?


Frédéric Pichon : J’ai 45 ans, je suis marié et père de quatre enfants. Je suis un ancien militaire de carrière. J’ai servi comme officier dans l’infanterie pendant neuf ans, avant de changer de cap et de suivre une formation de reconversion comme ingénieur sécurité au CNPP (Centre National de Prévention et de Protection). Je suis toujours officier de réserve aujourd’hui et j’ai conservé la passion du sport et de la nature, que je parviens à réunir dans les courses d’ultra-trail. J’ai rejoint l’hôtellerie de luxe il y a un peu plus de quinze ans et j’ai eu la grande chance d’arriver sur le marché du travail civil, au moment où, après deux ans et demi de travaux, le George V allait rouvrir ses portes sous la bannière Four Seasons.


Je suis en charge, avec mes vingt collaborateurs, des trois grands domaines de la sécurité dans l’entreprise. La sécurité incendie, la sécurité au poste de travail et toute la problématique de sûreté et de lutte contre la malveillance. Nous avons donc la chance de conduire une politique de sécurité globale et cohérente.


E.P. : Comment vos équipes agissent-elles sur le terrain ? Sont-elles régulièrement formées à des situations dites de crise ?


F.P. : Nos missions sont tellement variées et l’actualité de l’hôtel tellement différente chaque jour, qu’il me faudrait des heures pour vous répondre sans pour autant être exhaustif. C’est d’ailleurs ce qui fait le charme et l’intérêt de notre métier et c’est en partie aussi la raison qui fait que je suis fidèle à cette entreprise depuis plus de quinze ans. Je ne suis toujours pas lassé de ce que je fais !


Certes, mon équipe travaille tous les jours sur une base de tâches de routine. Mais le spectre de nos missions est tellement large, que chaque jour nous apporte son lot d’imprévus, de situations inédites, d’urgences, qui fait que nous devons sans cesse réagir et nous adapter. Tout cela dans un environnement très feutré avec des codes particuliers, qui nous contraint à la discrétion et à un grand devoir de confidentialité. Bien sûr, pour pouvoir réagir efficacement, tout ce qui peut être anticipé l’est. Notre guide des standards de sécurité et notre manuel de procédures d’urgence sont très épais ! Mais parallèlement à cela, à la manière des militaires, nous nous formons et nous entraînons de façon continue, afin de pouvoir mieux improviser quand nous sommes confrontés à des situations nouvelles, ou à des situations que nous connaissons, mais qui surviennent dans un mode dégradé.


E.P. : Quel est le profil des collaborateurs que vous recrutez ?


F.P. : J’ai coutume de dire que chaque membre de mon équipe est avant tout un hôtelier, mais qu’en tant qu’hôteliers, nous nous distinguons par une spécialité qui est la sécurité … comme d’autres de nos collègues font du housekeeping, de la réception, du room-service ou du stewarding ! Mais effectivement, aucun de mes collaborateurs n’est passé par une école hôtelière. Ce que nous recherchons quand nous recrutons, c’est un profil, une certaine personnalité. Il faut que nous ayons en nous le sens du service avant tout, et que nous soyons avenants avec nos clients, mais aussi avec nos autres collègues. Peut-être plus que d’autres encore, parce que nous portons une oreillette et que nous sommes immédiatement identifiés comme le service de sécurité ! Alors notre critère numéro un c’est un beau sourire naturel, plutôt que le biceps trop gonflé ! Il y a d’ailleurs quatre femmes dans mon équipe et elles assurent les mêmes missions que leurs collègues masculins. Le but commun de chaque salarié de notre entreprise, c’est que nous évoluions dans une ambiance de travail agréable que ressent le client. Il faut pouvoir le toucher au cœur, pour que les émotions qu’il rencontre chez nous lui laisse des souvenirs impérissables et lui donne envie de revenir. Mon équipe ne fait pas exception, et chacun de ses membres garde cela en tête à chaque instant, dans chaque interaction qu’il a avec les clients.


Bien qu’aujourd’hui le législateur ait mis un peu d’ordre dans les métiers de la sécurité et impose un certificat de qualification pour obtenir sa carte de professionnel, les origines de notre recrutement restent variées. Un petit nombre de mes collaborateurs sont d’anciens militaires, policiers ou sapeur-pompiers de Paris, mais les autres viennent de la sécurité privée. A titre d’exemple, une de mes collaboratrices était, dans une autre vie, infirmière en Moldavie !


E.P. : Selon vous et d’un point de vu logistique, quels sont les moyens indispensables pour assurer une sécurité minimale dans un hôtel ?


F.P : Plus que les systèmes de contrôle d’accès, les 400 caméras ou les autres moyens technologiques dont nous disposons tous aujourd’hui, c’est vraiment la façon dont on parvient à bâtir une solide culture sécurité dans l’entreprise qui est fondamentale. Il est pour moi essentiel que les 650 salariés du Four Seasons Hotel George V soient constamment sensibilisés et adhèrent à cette culture. Mon équipe, à elle seule, ne peut pas être efficace sur les 40000 m² de l’hôtel. Chacun de mes collègues dans chaque service doit s’engager à être un acteur de notre sécurité. C’est notre responsabilité de faire que chacun se sente individuellement concerné, car chacun voit, entend, ressent, et est témoin de situations. Il est précieux pour nous d’avoir ces relais sur le terrain, qui concourent à élever le niveau de sécurité de notre entreprise.


E.P. : Votre métier est un métier dit « de l’ombre »,  comment voyez-vous son évolution au cours des prochaines années alors que les problèmes d’insécurité se font de plus en plus nombreux ?


F.P. : L’actualité nous démontre chaque jour que le  « marché » de la sécurité est évidemment promis à un bel avenir. L’industrie de l’hospitalité de luxe ne fera pas exception. On constate que de plus en plus, la sécurité devient un véritable enjeu, et particulièrement sur notre marché, un enjeu commercial. Nous veillons à faire en sorte que chaque euro dépensé pour la sécurité ou la sûreté soit aussi une plus-value commerciale ou une valorisation en termes d’image. Nos commerciaux ressentent cette tendance lorsqu’ils s’entretiennent avec nos partenaires agents de voyage. Pour ma part, je réponds très régulièrement à des questionnaires de sécurité pour le compte de tour-opérateurs avec lesquels nous travaillons. Cela n’était pas le cas quand j’ai pris mes fonctions au George V, il y a plus de quinze ans. Il est par ailleurs évident que le regard porté sur les critères de sécurité de notre établissement par des institutionnels, tels que les services de sécurité des grandes ambassades, les services de protection officiels étrangers, ou le Quai d’Orsay, est de plus en plus affûté et exigeant.


Four Seasons Hotels and Resorts Cie a toujours eu conscience de l’importance du niveau de sécurité des établissements qu’elle gère à travers le monde. Nous consacrons au George V une grosse part de nos investissements annuels à la sûreté et à la sécurité. Cette politique de sécurité que nous mettons en œuvre est capitale pour ma direction générale et pour notre propriétaire.


E.P : Auriez-vous des anecdotes à nous raconter ?


F.P. : Je suis navré mais la discrétion et la confidentialité font partie des qualités inscrites dans la déontologie de mon métier ! 📷



EXCEL PLACE


Source :

Entretien avec Frédéric Pichon, Directeur de la Sécurité au George V

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